Un an après le premier confinement et 3 ans après le début de la mise en place des CSE, Syndex, cabinet d’expertise pionnier dans l’accompagnement des représentants des salariés, publie les résultats d’une enquête menée avec l’Ifop sur l’état du dialogue social dans les entreprises en 2021.
Syndex a confié à l’Ifop une enquête sur l’état du dialogue social dans les entreprises. 1 306 salariés et 1 131 représentants de salariés ont été interrogés dans le cadre d’une phase quantitative complétée par des entretiens qualitatifs avec des représentants de la direction et de salariés. Cette enquête tripartite réalisée en janvier et février 2021 dévoile notamment le point de vue des parties prenantes sur les impacts du nouveau « CSE » et des répercussions de la crise sanitaire sur le dialogue social. 74 % des salariés et 75 % des représentants du personnel considèrent que la santé économique de leur entreprise est plutôt bonne. Malgré cet optimisme pour leur entreprise, l’état d’esprit des IRP est majoritairement négatif.
En dépit de la crise actuelle, près de trois quarts des salariés et des RP estiment que la situation économique de leur entreprise est bonne. Si les RP expriment une fatigue (62 %) et de l’inquiétude (53 %), ils restent déterminés pour affronter les difficultés à venir. Côté directions, les retours sont très hétérogènes, selon l’exposition de leur secteur d’activité à la crise. La qualité du dialogue social dans leur entreprise est perçue comme étant moyenne par les salariés et par les RP, un regard plus positif pour les directions. La note moyenne attribuée au dialogue social par les salariés est de 5,7/10 et de 5,0/10 par les IRP. Les directions sont perçues comme étant opportunistes vis-à-vis du CSE pour 62 % des RP (67 % en 2019) et tendue pour 53 % d’entre eux (vs 36 % en 2019).
Des RP déterminés et inquiets, des salariés confiants dans leur CSE
62 % des RP sont déterminés, 56 % d’entre eux sont inquiets et 52 % restent motivés. Leurs inquiétudes s’atténuent sur le temps dont ils disposent pour accompagner les collaborateurs de l’entreprise et répondre à leurs questions et sur la diminution de leurs moyens. Toutefois, ils sont toujours 40 % à craindre un affaiblissement de l’instance face à la direction et 55% à penser que le passage en CSE va détériorer le dialogue social, comme en 2019. 66 % des salariés ont une bonne image du CSE, 59 % considèrent que la création du CSE permet d’innover dans le dialogue social, tout en reconnaissant un risque de perte de qualité du dialogue social pour la moitié d’entre eux. Ils sont 61 % à leur accorder leur confiance pour bien représenter leurs intérêts. Les principaux changements induits par le passage en CSE pour les RP s’avère un manque de temps qui accentue un risque de perte de proximité. 59 % des RP interrogés se déclarent insatisfaits de leurs heures de délégation. La baisse des heures est ressentie plus fortement dans les entreprises de moins de 50 salariés.
Les directions attestent d’un gain d’efficacité. RP et directions partagent cependant deux appréciations : la transversalité est un avantage, mais la réforme des IRP expose aussi l’instance à une perte d’expertise.
Pour 79 % des élus, les directions sont toujours identifiées comme les grandes gagnantes de la réforme selon les IRP et les salariés comme les grands perdants (57 %). Plus l’entreprise est grande, plus les directions sont perçues comme gagnantes (87 % dans les entreprises de plus de 1000 salariés). 55% des RP sont encore convaincus que le passage en CSE va contribuer à détériorer le dialogue social au sein de leur entreprise.
La crise de la Covid a ouvert une parenthèse qualitative pour le dialogue social. 65 % des représentants des salariés estiment que la direction se positionne bien depuis le début de la crise et 60 % des salariés sont satisfaits de l’accompagnement réalisé par le CSE. Cette période a été l’occasion d’expérimenter de nouveaux modes de fonctionnement (60 % des IRP) et d’échange avec les salariés (55 %), de traiter de nouveaux sujets (56 %).
Perspectives pour le dialogue social
Pour 65 % des RP et 63 % des salariés, les conditions de travail seront les sujets prioritaires pour le CSE à l’issue de la crise, devant les sujets économiques. En dépit d’un jugement positif sur l’année passée, 56 % des RP pensent que le dialogue social ne sera pas modifié par la crise de la Covid. Ils sont même 36 % à estimer que cela va contribuer à le détériorer.
« Alors que des évolutions qualitatives ont été perçues par les représentants des salariés sur les modalités de bon fonctionnement et les sujets traités au sein du CSE pendant la crise, la qualité du dialogue social perçue reste très moyenne par les IRP et salariés. Et l’anticipation d’une détérioration du dialogue social demeure largement partagée parmi les IRP même si des attentes fortes émergent en termes de meilleure prise en compte des avis portés par le CSE », commente Olivier Laviolette, membre du comité de direction de Syndex, Pour Catherine Jordery-Allemand, membre du comité de direction du cabinet : « Comme les années précédentes, les conditions de travail arrivent en tête des sujets jugés prioritaires par les salariés et par les élus. Cette tendance a sans doute été confortée par la crise sanitaire. Cela se retrouve dans les attentes de formation des élus. Ce qui est étonnant, c’est que l’économique ne soit pas un sujet d’inquiétude, en tout cas en apparence ».