
Une analyse d’impact est un document qui vise à évaluer les conséquences potentielles d’un projet ou d’une décision. Elle permet d’identifier, d’anticiper et de quantifier les effets, positifs ou négatifs, qu’un changement peut avoir sur différents aspects. Pour le CSE, la réception de ces informations représente une base solide pour entamer un dialogue avec l’employeur. Bien que son avis soit consultatif, l’analyse d’impact lui donne les moyens de se positionner comme un acteur capable d’anticiper les problèmes et d’influencer les décisions avant leur mise en œuvre. En participant à ce processus, le CSE s’assure que les droits des salariés sont respectés, que les conditions de travail sont protégées, et que des solutions sont mises en place pour atténuer les effets négatifs d’une réorganisation, préservant ainsi la santé, la sécurité et le bien-être des travailleurs.
1. Qu’appelle-t-on analyse d’impact ?
La loi ne définit pas précisément ce qu’une analyse d’impact doit contenir pour informer le CSE. Il appartient donc aux représentants du personnel de juger si les informations fournies sont suffisantes pour comprendre les tenants et les aboutissants du projet. Si certains éléments paraissent incomplets, il leur incombe de solliciter des précisions pour assurer une compréhension approfondie des impacts.
Dans la pratique, plusieurs points sont généralement attendus dans une analyse d’impact sur les conditions de travail :
- l’évolution des effectifs et des postes de travail, en particulier leur contenu ; les changements de responsabilités ;
- l’organisation des équipes (leur mode de fonctionnement, leur composition et les horaires de travail) ;
- les évolutions de la charge de travail.
De plus, une évaluation des effets sur la santé et la sécurité – notamment les risques psychosociaux – est primordiale. L’identification des besoins en formation est également importante pour garantir que les compétences des salariés s’adaptent aux nouvelles exigences du projet. Enfin, l’analyse d’impact doit inclure des mesures d’accompagnement, détailler un calendrier de la transition pour comprendre les conditions de mise en œuvre du projet.
Avis éclairé du CSE : L’employeur transmet des infos utiles et précises
Pour rendre un avis éclairé, le CSE doit disposer « d’informations précises et écrites transmises ou mises à disposition par l’employeur » pour lui permettre de formuler un avis motivé (C. art., L. 2312- 15). L’utilité des informations fournies au comité s’apprécie au regard de la nature et des implications du projet. Les informations transmises par l’employeur au CSE ne doivent pas être sommaires et se limiter aux seules grandes lignes du projet (Cass. soc., 25 sept. 2013, n° 12-21 747).
2. Apprécier et compléter l’analyse d’impact
Les élus, grâce à leur bonne connaissance du terrain et à leur dialogue constant avec les managers et les salariés, disposent d’une grande légitimité pour analyser de manière critique les projets de la direction. L’objectif est alors de détourer les zones à risque du projet pour s’assurer que les mesures prévues sont suffisantes et opérationnelles.
Ils peuvent s’appuyer sur l’avis de la sphère médico-sociale de l’entreprise (médecin du travail, assistante sociale, etc.) et sur le dialogue formel et informel entretenu avec les équipes RH, souvent au cœur de la prévention des risques.
Toutefois, la capacité d’action des élus dépend de leurs compétences en analyse des RPS, de la charge de travail, et des dynamiques organisationnelles. Ils peuvent s’appuyer sur l’aide des fédérations syndicales, mais aussi d’un expert habilité auprès des CSE, ce qui permet d’approfondir le volet opérationnel du projet, à partir d’entretiens et d’observations du travail, et donc d’améliorer le plan de prévention et d’accompagnement qui lui est associé, voire d’en ajuster le contenu.
Santé et sécurité : L’employeur ne peut déployer son projet sans l’avis du CSE
L’article L. 2312-8 du Code du travail prévoit que l’employeur d’au moins 50 salariés doit procéder à une consultation et une information du CSE en cas d’aménagement important modifiant les conditions de santé et de sécurité ou les conditions de travail. Cela signifie que l’employeur ne peut mettre en œuvre son projet tant que le CSE n’a pas rendu son avis. Les délais de consultation dépendent du type de projet, des accords d’entreprise, et de la présence ou non d’un expert du CSE.
3. Se saisir et discuter de l’analyse d’impact
Notre expérience auprès des CSE nous a convaincus que l’analyse d’impact dépasse le simple fait de se positionner « pour » ou « contre » un projet de réorganisation.
En effet, se saisir d’une analyse d’impact offre l’opportunité aux élus d’exercer pleinement leur rôle en matière de défense de l’intérêt des salariés et de protection des conditions de travail. En étant perçus par les salariés comme des relais d’écoute, ils peuvent faire remonter à la direction les difficultés concrètes rencontrées sur le terrain, ainsi que les défis potentiels que la mise en œuvre du projet pourrait engendrer.
Parallèlement, cette approche proactive permet aux représentants du personnel d’instaurer un dialogue social de qualité. En participant activement aux échanges, ils contribuent à améliorer le projet de réorganisation, dans des conditions acceptables et durables pour tous. Cette démarche crée un climat de confiance, facilitant une mise en œuvre plus sereine du projet, avec un risque réduit de conflits et une meilleure acceptation des changements par les salariés.
Obligation de discrétion : Le CSE y est tenu mais peut néanmoins échanger avec les salariés
Les représentants du personnel sont tenus à une obligation de discrétion concernant les informations confidentielles transmises par l’employeur dans le cadre de leur mandat (C. trav., art. L. 2315-3). Toutefois, cette obligation ne doit pas être confondue avec un devoir de silence absolu. En effet, en tant que représentants, vous avez donc la possibilité de communiquer avec les salariés sur les enjeux d’un projet de réorganisation, ce qui assied également votre rôle de proximité et de prévention avec les équipes.
Article rédigé par Inès Haeffner, directrice Conseil, et Germain Clarissou, consultant senior chez Plein Sens
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