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À l’occasion d’une enquête menée par Syndex, pour 83 % des représentants des salariés (RP) interrogés la crise a amplifié ou fait apparaître des risques psychosociaux (RPS).
Sondés sur les risques psychosociaux dans leur entreprise depuis la crise de la Covid-19, 83 % des représentants des salariés (IRP) estiment que la pandémie a amplifié ou fait apparaître des risques psychosociaux. Dans le classement de ceux qui se sont intensifiés : le stress est évalué à plus de 4/5 par 68 % des élus interrogés, contre 36 % avant la crise, tandis que la surcharge de travail est identifiée comme un risque élevé par 60 % des répondants (vs 46 % avant 2020).
Nouveaux RPS…
Le contexte sanitaire fait aussi apparaître de nouveaux risques psychosociaux, avec en premier lieu l’isolement (notifié comme élevé par 37 % des répondants vs 10 % avant) et à degré moindre le désengagement (28 % vs 15 %). Parmi les exemples de RPS mis en exergue par les sondés reviennent souvent : « l’isolement dû au télétravail, la dégradation du lien social, le manque d’information de la part de l’employeur, l’exposition au virus dans le cadre de l’entreprise, la peur des transports en commun, le non-respect des mesures de distanciation par des clients ou des collègues. Des conditions de télétravail dégradées, la crainte pour l’avenir économique de l’entreprise, les changements d’organisation perpétuels », souligne l’étude Syndex. À noter que l’état physique et mental des salariés est mis à rude épreuve, selon 66 % des représentants du personnel. 53 % d’entre eux estiment que l’état physique et mental des salariés a été plutôt dégradé par la crise sanitaire et 13 % totalement dégradé. En revanche, 33 % des personnes interrogées pensent que la pandémie n’a pas eu d’impact sur l’état physique ou mental des salariés.
… mais aussi des changements positifs
Près de 60 % des représentants des salariés estiment avoir perçu des changements d’organisation positifs. Plus de la moitié des personnes sondées (52 %) ont perçu de façon négative des changements d’organisation pendant et après le confinement comme le « télétravail forcé, projets retardés, prise de congés ou de RTT à la demande de la direction, manque d’encadrement, lacunes de management, le collectif qui se dégrade au profit des besoins des individus, maintien des flex-office ». Néanmoins, ils sont près de 60 % à relever des changements d’organisation positifs : « le télétravail et l’évolution de sa vision par les managers, l’efficacité des réunions à distance, une plus grande autonomie dans le travail des salariés à distance, la reconnaissances des sujets de santé et sécurité au travail ».
Quelle charge de travail pour les RP ?
Une grande majorité des représentants du personnel estiment avoir été impliqués dans la gestion de la crise sanitaire. 78 % des répondants ont vu leur charge de travail augmenter depuis le début de la crise sanitaire. Ils sont près de 70 % à affirmer avoir été impliqués dans la mise en place du plan de continuité d’activité et du plan de reprise d’activité. Toutefois, 8 % déclarent que leur entreprise n’a pas mis à jour le document unique, principal outil de prévention des RPS au quotidien.
À la question « Et vous, comment vous sentez-vous physiquement et moralement dans votre mandat ? », c’est une évaluation 2,94 sur 5 qui a été communiquée par les représentants des salariés.
Pour Catherine Jordery-Allemand, membre du comité de direction de Syndex, « cette enquête met en lumière trois éléments phares. Le rôle d’amplificateur des RPS que joue la crise sanitaire dans les entreprises avec comme illustration le stress ou la surcharge de travail, des changements organisationnels positifs comme le télétravail et l’évolution de sa vision par les managers, ainsi que la forte implication des représentants des salariés dans la gestion de la crise. Elle pointe aussi du doigt l’accentuation des revendications individuelles au détriment des revendications collectives en raison notamment de l’extension forte du télétravail ».
Aude Aboucaya