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La FNATH dénonce une sécurité & santé au travail inquiétante

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Le 28 avril, lors de la Journée mondiale de la sécurité et santé au travail, la FNATH a dénoncé les résultats médiocres de la lutte contre les accidents du travail et les maladies professionnelles. L’Assurance Maladie-Risques professionnels adoptait pourtant une vision positive lors de la publication des chiffres de la sinistralité 2019…

La FNATH s’alarme d’un auto-satisfecit donné aux résultats médiocres de la lutte contre les accidents du travail et les maladies professionnelles, lequel est relayé par une survalorisationde la prévention permettant d’éviter d’informer l’opinion publique de cette réalité, et de faire l’économie du débat pour une amélioration de la réparation des victimes du travail (seules victimes encore en France à ne pas avoir droit à une réparation intégrale de leurs préjudices comme toutes les autres). La FNATH dénonce un système de reconnaissance et une volonté du gouvernement de taire la réalité de la sinistralité des accidents du travail et des maladies professionnelles, y compris en privant les victimes et leurs familles de toute indemnisation. La FNATH dénonce, en outre, l’absence de toute politique pénale sérieuse et efficace, propre à lutter contre la criminalité en matière d’hygiène et de sécurité au travail.

En cette Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, la FNATH exprime ainsi sa colère et appelle les pouvoirs publics à changer radicalement sa politique de mépris à l’égard des victimes et de leurs familles.

L’Assurance maladie se prévaut d’une sinistralité « en légère baisse » pour les accidents du travail en 2019, « qu’il faut regarder avec méfiance puisque, pour certains secteurs, c’est en réalité, une tendance très inquiétante qui se dessine. Ainsi, les accidents du travail augmentent dans les services, en particulier dans les activités tertiaires (administrations, banques, assurances…) avec une hausse de 4 %, mais aussi dans les secteurs du travail temporaire et de l’action sociale avec une hausse de 1,3 % », alerte la Fédération nationale des accidents du travail et du handicap (FNATH). Autre tendance inquiétante : le constat qui tient à une hausse du nombre d’accident du travail en 2019 (+0,6 %). Quant à la prétendue légère progression du nombre de maladies professionnelles en 2019, la tendance est haussière et non pas vers une diminution (+ 1,7 %) et, ce, pour les maladies reconnues par le droit en vigueur. « Pour les autres maladies, celles qu’on ne veut pas reconnaître comme professionnelles, c’est bien un mensonge d’État organisé qui perdure », poursuit la fédération.

Exposition professionnelle aux risques CMR

Par exemple, le lien entre l’exposition professionnelle aux risques CMR (cancérigènes, mutagènes et neurotoxiques) et la reconnaissance de maladies professionnelles qui en sont la conséquence, reste encore très largement minoré. Ainsi, sur la période 2013-2017, l’Assurance Maladie a reconnu, en moyenne 1840 cancers d’origine professionnelle par an, soit 0,5 % des nouveaux cas de cancers recensés en France. Or, selon la dernière enquête Sumer de 2010, 10 % des salariés, soit 2,2 millions personnes, étaient exposées à au moins un produit CMR, les cancérigènes représentant 90 % de ces expositions. Parmi les salariés exposés, 30 % avaient eu au moins une double exposition. De fait, le plan cancer 2014-2019 estimait la part des cancers attribuables à des expositions professionnelles entre 14 000 et 30 000 cas par an, bien loin des 1 840 cas officiellement reconnus… C’est également un système public de reconnaissance des maladies professionnelles qui est totalement complice de la sous-déclaration des maladies professionnelles.

« Ainsi, il aura fallu 4 ans au ministère pour rédiger un décret portant sur la création d’un nouveau tableau de maladie professionnelle en 2021 (exposition au trichloréthylène) alors la Commission Spécialisée ‘maladie professionnelle’, compétente en ce domaine, avait émis un avis favorable en juillet 2017 ! Que dire du nouveau tableau de maladie professionnelles 100 « COVID » qui bien loin d’apporter une réponse aux salariés contaminés complique une procédure déjà difficile en y ajoutant des restrictions médicales et professionnelles. On comprend mieux ce chiffre ridicule de 1840 cas officiellement reconnus de cancers professionnels par an », déplore la FNATH.

La fédération fustige également les manquements de l’État qui aurait « laissé les victimes d’un cancer du rein consécutif à une exposition au trichloréthylène sans aucune indemnisation au titre de la législation des risques professionnels ».

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