Planète CSE

Les atouts com’ du CSE Modis auprès des salariés

Le meilleur moyen pour tisser un lien avec les salariés est de leur proposer des activités, estime Vincent Loze, délégué CFTC et élu au CSE de Modis dont il préside la commission des activités sociales et culturelles. Un credo qui a du sens dans cette société de conseil dont la plupart des salariés travaillent en mission chez les clients. Une source d’inspiration aussi pour d’autres élus du personnel en période de télétravail généralisé…

Par Emmanuel Franck

Comment la pandémie a-t-elle modifié les conditions de travail des salariés de Modis ?

Modis est une filiale d’Adecco qui propose du conseil en ingénierie et des services numériques à des entreprises de l’industrie, de la banque, de l’assurance, de la distribution… Elle emploie 2 500 salariés sous convention collective du Syntec à travers toute la France ; 80 % d’entre eux sont en mission chez les clients. En raison de la pandémie, une grande partie de nos salariés sont en télétravail à leur domicile et 30 % ont été placés en intermission car le client avait décidé de stopper leur travail. Au total, 95 % des salariés de Modis ont connu un changement de l’organisation de leur travail en raison de la pandémie.

La pratique généralisée du télétravail a-t-elle changé vos relations avec les salariés ?

Oui et non. La plupart des salariés de Modis travaillent en clientèle parfois depuis longtemps au point de se sentir employés de leur client. Avant la pandémie, nous les élus les voyions donc rarement physiquement. La généralisation du télétravail n’a rien changé de ce point de vue. Toutefois, depuis la pandémie, les salariés sont davantage intéressés par les informations que nous publions. Notamment par celles relatives à l’activité partielle.

Concernant les salariés travaillant sur les sites de Modis, comme par exemple dans le centre d’appels de Marcq-en-Barœul (Nord) ou encore à Lyon, la relation que j’entretenais avec eux et avec leurs élus locaux a beaucoup changé depuis le début de la pandémie. Cela fait des mois que je ne suis plus allé en région. Je participe à des réunions via l’outil Teams avec les élus locaux mais rien ne vaut un bon restaurant ! Or, plus un élu est sur place, plus il crée des liens et plus les salariés s’intéressent à ce qu’il propose.

Ma conviction est que le meilleur moyen de toucher les salariés et de maintenir le lien avec eux, c’est de leur proposer des activités sociales et culturelles (ASC) afin de les inciter à venir nous voir ou nous consulter. C’est ainsi nous créons un lien avec eux.

L’élaboration de revendications sur les conditions de travail n’est-elle pas aussi un moyen de mobiliser les salariés ?

Est-ce parce que nous sommes dans le secteur des services ? Le fait est que lorsque les salariés ont besoin de quelque chose, ils ont tendance à agir individuellement. Donc quand je suis avec les collaborateurs, je parle des ASC et je n’émets aucune revendication. En revanche, je formule des doléances auprès de la direction. Lors des négociations sur les salaires pour 2021, nous avons ainsi obtenu un engagement de la direction pour que le plus gros salaire de l’entreprise ne puisse être plus que 20 fois supérieur au plus petit salaire. Je ne pense pas que les rémunérations en vigueur chez Modis sortent de cette échelle éthique. C’est sans doute pour cette raison que la direction l’a acceptée. Mais cette avancée symbolique est quand même importante dans la perspective d’une évolution future des salaires.

« Les salariés s’inscrivent à notre newsletter pour les lots de la tombola et les infos sociales », Vincent Loze, délégué CFTC et élu au CSE de Modis

Quelles activités proposez-vous aux salariés et comment tissez-vous le lien avec eux ?

Lors du premier confinement, la CFTC a lancé une tombola en ligne. Tous les salariés qui s’inscrivent à la newsletter de notre syndicat peuvent y participer. Les lots sont intéressants : un ordinateur portable, un vélo électrique. Les salariés s’inscrivent pour les lots mais restent ensuite inscrits pour les informations sociales et économiques contenues dans la newsletter. Cela fonctionne très bien.

De son côté, le CSE a organisé un escape game entre le premier et le deuxième confinement. Il propose également des bons d’achat, des achats groupés, des séjours dans des hôtels, dans des campings et au ski pour des tarifs très intéressants. Évidemment, ces activités sont organisées quand le protocole sanitaire le permet. L’idée est de revenir aux fondamentaux du CSE : faire partir les salariés en vacances. Quand le CSE propose un hébergement pour 100 euros, cela rend le ski accessible aux petits salaires, même s’il faut ensuite ajouter le prix du transport.

Cette relation avec les salariés s’appuyant sur des propositions de services est-elle récente ?

Jusqu’aux dernières élections professionnelles qui ont eu lieu pendant le premier confinement, la CGT était majoritaire au CSE. Celui-ci communiquait peu. Son site Internet était peu visité et les procès-verbaux des réunions étaient peu consultés. Le CSE proposait peu d’activités juste des bons d’achat pour Noël. La CGT avait une approche très égalitaire et ne voulait pas que les salariés en interne et ceux travaillant en clientèle soient traités différemment.

Depuis que la CFTC et la CFDT gèrent le CSE, son site Internet est davantage visité. Nous avons d’ailleurs créé une commission ASC au sein du CSE composée de cinq élus qui se répartissent les tâches. Par exemple pour les séjours au ski, un élu s’occupe de la communication avec les salariés et un autre (moi en l’occurrence) traite avec les fournisseurs. Par ailleurs, nous allons organiser des activités en régions qui concerneront davantage les salariés intégrés, même si les collaborateurs qui sont en clientèle pourront y participer.

Comment informez-vous les salariés du contenu des réunions du CSE ?

Le compte-rendu des réunions du CSE qui ont lieu en visio-conférence depuis le début de la pandémie, est réalisé par un prestataire. Il s’agit d’une synthèse car les salariés ne liraient pas un procès-verbal (PV) s’il était trop long. Le PV est diffusé via la newsletter du CSE après validation, donc un mois plus tard. Ce délai est évidemment trop long surtout durant cette période de pandémie. Les collaborateurs de l’entreprise ont besoin de savoir immédiatement s’ils sont ou non en activité partielle. C’est pourquoi la CFTC diffuse un résumé non-officiel de la réunion sur son propre site. Il m’est même arrivé de poster des informations en direct pendant un CSE.

Photo © Laurent Zabulon
Vincent Loze, délégué CFTC et élu au CSE de Modis.

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