
Alors que la santé au travail prend une place croissante dans les préoccupations des employeurs comme des représentants du personnel, le rôle des Services de prévention et de santé au travail (SPST) reste parfois mal connu. Pourtant, ces structures sont des partenaires clés dans la mise en œuvre d’une politique efficace de prévention des risques et d’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT). Quels sont leurs rôles concrets ? Comment s’articulent leurs missions avec celles d’autres acteurs publics ou privés ? Décryptage…
Historiquement centrés sur la surveillance médicale des salariés, les SPST ont vu leur mission évoluer.
Suivi médical repensé pour prévenir plutôt que guérir
Le suivi individuel de l’état de santé reste un pilier de leur action, qu’il s’agisse des visites d’information et de prévention (VIP), des visites d’aptitude, de préreprise ou de reprise après arrêt. Ce suivi peut être assuré par le médecin du travail, mais aussi par des infirmiers en santé au travail (Idest), sous protocole. Loin d’un contrôle administratif, ces rendez-vous sont aujourd’hui envisagés comme des temps d’écoute, d’orientation et de prévention. Ils permettent d’identifier précocement des risques (physiques, psychiques ou organisationnels) et de construire un accompagnement adapté à chaque situation de travail.
Une offre socle au service de toutes les entreprises
Depuis la réforme de 2021, chaque SPST doit proposer une offre socle de services à l’ensemble de ses entreprises adhérentes. Celle-ci comprend le suivi individuel de santé des travailleurs ; la prévention des risques professionnels ; l’accompagnement de l’entreprise dans l’élaboration du Duerp (document unique d’évaluation des risques) ; la prévention de la désinsertion professionnelle et la traçabilité des expositions et la veille sanitaire. Cette offre, financée par la cotisation des employeurs, garantit un socle minimal de prévention accessible, quelle que soit la taille de l’entreprise. C’est une avancée majeure pour les TPE et PME qui n’ont pas toujours les moyens humains ou financiers d’internaliser la prévention.
Des prestations complémentaires pour aller plus loin
Au-delà de cette offre socle, les SPST peuvent proposer des prestations complémentaires, adaptées aux besoins spécifiques des entreprises. Il peut s’agir d’actions de formation, de diagnostics approfondis (ergonomie, risques psychosociaux), d’accompagnements QVCT, ou encore d’offre spécifique comme la médiation. Ces prestations font l’objet d’une contractualisation et peuvent être réalisées par l’équipe pluridisciplinaire du SPST : médecins, Idest, ergonomes, psychologues du travail, toxicologues, techniciens HSE, etc. Elles permettent de développer une prévention plus intégrée et opérationnelle, en phase avec les réalités du terrain.

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Articulation avec les acteurs institutionnels du territoire
Les SPST ne travaillent pas seuls. Ils s’inscrivent dans un écosystème de prévention au niveau local et national, en lien avec : les CPAM pour le suivi des arrêts de travail et la prévention de la désinsertion ; les Carsat pour l’analyse statistique des risques et la prévention technique ; les Dreets pour les questions réglementaires et l’ARS, selon les thématiques.
Cette articulation est essentielle pour éviter les redondances, croiser les regards, construire une prévention cohérente et partagée au service des entreprises et des salariés.
Cabinets privés & SPST : deux approches complémentaires
Dans certaines entreprises, notamment les plus grandes ou celles engagées dans une démarche RSE structurée, les consultants privés en santé, sécurité et QVCT interviennent régulièrement. Loin d’être concurrents, cabinets privés et SPST peuvent travailler main dans la main : les premiers apportent une approche stratégique et opérationnelle, les seconds un regard médical et réglementaire. Par exemple, un consultant QVCT peut accompagner l’employeur dans l’évolution de son management, tandis que le médecin du travail alertera sur les effets de ces changements sur la santé mentale des salariés. De la même manière, un ergonome privé pourra travailler sur l’organisation de l’atelier, en lien avec le technicien du SPST chargé d’évaluer l’exposition au bruit. L’enjeu : créer des synergies au service d’un objectif commun, améliorer la santé au travail durablement.
Conclusion, un partenaire à (re)découvrir
Souvent cantonné à tort à la visite médicale d’embauche, le SPST est aujourd’hui un acteur global de la prévention en entreprise. Son action dépasse le seul suivi médical pour s’inscrire dans une approche systémique de la santé au travail, intégrant la QVCT, la prévention des risques professionnels et l’accompagnement managérial. Pour les élus du CSE, il est donc essentiel de connaître ses missions, de mobiliser ses ressources, et de construire un dialogue constructif et régulier avec l’équipe de santé au travail. La QVCT est une affaire de collectif, et le SPST peut être un allié puissant pour faire bouger les lignes.
Article rédigé par Matthieu Petit, président d’Eose

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