
Depuis plusieurs années, la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle s’estompe. L’omniprésence des outils numériques a profondément transformé les rythmes de travail, au point que de nombreux salariés peinent à « décrocher », une fois leur journée terminée.
Dans ce contexte, le droit à la déconnexion, inscrit dans le Code du travail depuis la loi Travail de 2016, représente un enjeu central pour la santé mentale et la Qualité de vie et des conditions de travail (QVCT).
Un droit encore trop méconnu
Le droit à la déconnexion, défini à l’article L.2242-17 du Code du travail, vise à garantir aux salariés la possibilité de ne pas être joignables en dehors de leur temps de travail. Il ne s’agit pas d’interdire les échanges hors horaires de manière stricte, mais de cadrer les usages numérique pour éviter les dérives. Dans les entreprises de plus de 50 salariés, l’employeur est tenu de négocier, dans le cadre de la QVCT, les modalités de ce droit. En l’absence d’accord, une charte peut être mise en place unilatéralement, après consultation du CSE.
Pourtant, dans de nombreuses structures, ce droit reste flou, non formalisé ou peu respecté.
Un enjeu de santé mentale majeur
Les effets du « toujours connecté » sont bien documentés : surcharge cognitive, troubles du sommeil, anxiété, voire burn-out. Le droit à la déconnexion répond à un besoin fondamental de repos psychologique, indispensable à l’équilibre individuel. Respecter ce droit, c’est reconnaître que l’attention, la concentration et la disponibilité émotionnelle sont des ressources limitées. C’est aussi admettre que l’hyperconnexion nuit à l’efficacité réelle, et qu’elle ne doit pas devenir un critère réelle, et qu’elle ne doit pas devenir un critère de loyauté ou d’implication au travail.
Un outil au service de la QVCT
Au-delà de la seule prévention des risques psychosociaux, la déconnexion s’inscrit pleinement dans une logique de QVCT. Elle interroge les pratiques managériales (en particulier les injonctions implicites ou l’exemplarité des encadrants) ; l’organisation du travail (charge, délais, autonomie) et la culture d’entreprise. En fixant un cadre clair et partagé, les employeurs créent un climat de confiance et de respect du temps personnel. Cela favorise non seulement le bien-être, mais aussi l’engagement et la fidélité des collaborateurs.
Des pistes d’action concrètes
Pour faire vivre le droit à la déconnexion, plusieurs leviers peuvent être mobilisés :
- sensibiliser et former managers et salariés aux enjeux de l’hyperconnexion ;
- définir des plages horaires de non- sollicitation (pas d’e-mails après 18 h 00, par exemple) ;
- mettre en place des signatures automatiques indiquant qu’une réponse hors horaires n’est pas attendue ;
- utiliser les outils numériques de manière responsable : programmer les envois différés, désactiver les notifications (pensez à activer le paramètre « ne pas déranger ») ;
- inclure le sujet dans les discussions QVCT du CSE, pour adapter les pratiques à la réalité du terrain.
En conclusion, le droit à la déconnexion n’est pas une contrainte mais une opportunité. Une opportunité de repenser la relation au travail à l’heure du numérique, de réaffirmer l’importance du repos, et de construire des organisations plus respectueuses des individus. En faire un véritable pilier de la QVCT, c’est investir dans la santé mentale des salariés… et donc dans la performance durable de l’entreprise.
Article rédigé par Matthieu Petit, président d’Eose
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