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La crise fait enfler la bulle « titres cadeaux »

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Entre confinement, télétravail et mesures de distanciation, les CSE ont dû adapter leurs offres d’activités dites « sociales et culturelles »… Ils ont dû en outre tenir compte des nouvelles attentes des salariés.  

Par Constance de Cambiaire.

L’épidémie de Covid-19 qui dure depuis un an change radicalement les priorités des salariés. Les CSE ont dû, comme toujours, adapter leurs offres à de nouveaux besoins et aux contraintes sanitaires. Car si rien n’interdit aux élus de CSE de proposer des activités sociales et culturelles – hors période de confinement – la réalité est tout autre. En effet, ces derniers deviennent alors responsables de la mise en place et de l’application de la distanciation sociale et des gestes barrières… Un véritable casse-tête ! Et par voie de conséquence, de nombreux sorties, goûters autour de l’arbre de Noël et autres voyages ont tout simplement été annulés.

Parallèlement à ces difficultés d’ordre technique, bon nombre d’élus ont souhaité soutenir le pouvoir d’achat des salariés. Un choix boosté par le doublement du plafond des chèques cadeaux annoncé en fin d’année par le gouvernement (voir notre encadré sur le sujet).

Titres cadeaux, le plébiscite unanime

« Avec l’impossibilité d’organiser des événements ou des voyages, les CSE ont reporté tout ou partie de leur budget sur la dotation cadeaux, explique Valérie Delporte, directrice marketing et développement chez illicado, premier acteur à proposer aux CSE une carte-cadeaux multienseigne dès 2006. Et la carte s’est imposée comme l’outil le plus adapté. Simple d’utilisation, elle présente de nombreux avantages par rapport au traditionnel chéquier-cadeaux. Elle se glisse dans un porte-monnaie et permet de régler ses achats en boutique ou sur Internet. C’est aussi un atout de taille pour consommer en période de confinement ou de couvre-feu fixé à 18 heures. « Nous faisons le constat que l’année 2020 a été très favorable à la carte-cadeaux car c’est un outil parfaitement adapté au contexte sanitaire, souligne Valérie Delporte. Nous avons ainsi enregistré une hausse de près de 40 % de ventes de cartes ou cagnottes dématérialisées auprès des CSE. » Déjà approprié aux évolutions de la consommation, son usage a été boosté par la pandémie de coronavirus.

Même constat pour Cédric Tarnowski, fondateur de Reducbox.  « Avec le confinement et le télétravail, les CSE préfèrent offrir des cartes cadeaux ou des box à leurs salariés afin de soutenir leur pouvoir d’achat dans cette période difficile, au détriment des autres évènements. »  Et certains CSE n’ont pas hésité à repasser commande après les annonces de décembre. Un état de fait confirmé par Cédric Tarnowski : « Avec l’annonce du doublement des plafonds des chèques et cartes cadeaux, certains élus de CSE ont repassé des commandes en fin d’année ».

Des offres 100 % dématérialisées

Les cagnottes ont aussi le vent en poupe. « Nous avons lancé notre offre 100 % dématérialisée en septembre et elle a été très bien reçue, détaille Valérie Delporte. Elle répond parfaitement aux attentes des CSE qui sont éloignés de leurs salariés par le recours massif au télétravail. » Mais les éditeurs de cartes doivent aussi moduler leur offre en fonction de ce contexte très particulier de crise sanitaire. « Pour gommer le manque de contact physique, nous réfléchissons à des solutions alternatives que nous coconstruisons avec les CSE, comme par exemple la possibilité pour les élus de faire parvenir un message vidéo à leurs salariés lors de l’envoi des cagnottes dématérialisées », ajoute-t-elle.  

Chez Reducbox, on mise sur une carte « vraiment illimitée » ainsi que sur l’ouverture des commerces. « Les salariés peuvent dépenser le montant de leur E-carte cadeau en ligne ou dans les enseignes partenaires, explique Cédric Tarnowski. La nouveauté cette année, c’est que le détenteur de la E-Carte pourra se rendre dans un magasin de son choix pour faire des achats. Il lui suffira ensuite de faire remonter sa facture via la plateforme et Reducbox procédera directement au remboursement de la somme allouée par le CSE sur son compte bancaire. C’est très novateur. »

Exit les produits faisant 3 fois le tour du monde !

Si les cartes-cadeaux et les coffrets sont un vrai coup de pouce au pouvoir d’achat des salariés, force est de constater que ces dépenses ne soutiennent pas toujours l’économie locale. Or, les Français sont de plus en plus sensibles à cette problématique. « On observe une hausse de la demande des élus de CSE pour des offres locales, comme par exemple des paniers gourmands remplis de produits locaux », confirme Cédric Tarnowski. Même constat chez MasterBox, dont les coffrets cadeaux sont directement envoyés au destinataire par des artisans hexagonaux.

« Les consommateurs n’ont plus envie d’un produit qui a fait trois fois le tour du monde. C’est une tendance qui existait déjà et qui s’est vraiment amplifiée avec la crise sanitaire », précise Vincent Naigeon, son fondateur. Bijoux de créateurs, jardinage et plantes, mode et accessoires, produits de beauté, ou même du terroir…. Masterbox a noué des partenariats avec 300 artisans partenaires qui livrent directement au domicile du bénéficiaire les fameux coffrets cadeaux. Ceux signés par Masterbox ont connu une très importante progression l’an passé. « Nous avons enregistré une très forte croissance en 2020 et aujourd’hui plus de 400 entreprises nous font confiance dont plus de 200 CSE, se félicite Vincent Naigeon. L’annulation de nombreux évènements physiques a poussé les élus à offrir des bons cadeaux ou des cadeaux acheminés directement au domicile de leurs bénéficiaires. Notre offre a également profité de la volonté de consommer local pour soutenir les artisans de nos régions durant cette période très difficile. »

Consommer local

Conçu par un collectif de consommateurs pour défendre les savoir-faire artisanaux, Masterbox trie avec beaucoup de minutie ses partenaires. « Nous avons un processus de sélection très précis : qualité, prix, histoire de l’artisan mais aussi la qualité de son packaging car c’est lui qui envoie directement ses produits au client, détaille Vincent Naigeon. Notre objectif pour cette année est de multiplier les partenariats pour atteindre 1 000 artisans d’ici à la fin de l’année 2021. » La jeune pousse prépare égalementune carte-cadeaux des artisans français, que les CSE pourront distribuer à leurs ayants droit. « Nous mettons à disposition des CSE une plateforme web qu’ils peuvent entièrement personnaliser. Il leur suffit ensuite de communiquer à leurs salariés l’url de la plateforme. Ces derniers s’y connectent et choisissent en ligne le coffret qui leur fait plaisir », ajoute-t-il.

Présent sur le créneau du made in France depuis de nombreuses années, Charles Huet a lancé en novembre 2019 la Carte française, une alternative locale aux cartes et chèques-cadeaux.

« Chaque année, 1,5 milliard d’euros est distribué en cartes-cadeaux mutlienseignes par quelques 50 000 comités d’entreprise. Or, les entreprises qui y figurent proposent bien souvent et très majoritairement des produits importés qui profitent peu à l’économie française, détaille-t-il. On a enregistré une hausse très importante des ventes, de l’ordre de 90 % auprès des CSE », précise-t-il. La crise sanitaire qui s’accompagne également d’une crise économique fait prendre conscience de l’importance de consommer local et de soutenir les commerçants près de chez nous. « La pandémie liée à la Covid-19 a mis en lumière des sujets comme la souveraineté et la résilience. Les élus sont convaincus de l’impact positif du made in France : lutte contre les délocalisations, maintien de l’emploi, financement des cotisations sociales mais aussi la baisse de l’empreinte carbone des produits que nous consommons », ajoute-t-il. Cette carte prépayée – dont la valeur faciale varie de 25 à 150 euros – peut être dépensée dans un réseau de marques fabricantes ou distributrices et partenaires du made in France. Pour intégrer la ronde de ces marques, il faut que « plus de 70 % de leur catalogue soit constitué de produits made in France, au sens du Code des douanes » et de son article 39.

Vive le cadeau tricolore !

« Nous avons lancé en novembre des coffrets cadeaux made in France en partenariat avec Smartbox, annonce Charles Huet. Nous proposons un coffret ‘pour lui’ et un second ‘pour elle’, représentant une valeur de 49,90 euros. Le récipiendaire choisit le produit qui le séduit le plus parmi les 50 proposés. Une offre qui sera complétée en 2021 par de nouvelles thématiques : naissance, enfant, mariage, écoresponsable et sport. »

En 2021, la Carte française a pour ambition de doubler le nombre d’entreprise partenaires. À l’heure actuelle, l’entreprise en recense 250. Dans l’actualité de la jeune pousse : la mise en place à partir de cet été d’une cagnotte en ligne, 100 % dématérialisée. « Les salariés disposeront dès le mois de septembre d’un crédit chez la Carte française qu’ils pourront soit dépenser sur notre plateforme en ligne soit convertir en carte-cadeau physique », détaille-t-il. 

Autre nouveauté : la start-up va proposer à l’arrivée du printemps un module de paiement combiné. Le bénéficiaire pourra payer en ligne une partie du montant avec sa Carte française et compléter avec sa carte de crédit personnelle. C’est d’ailleurs déjà le cas en boutique physique. Le made in France est un créneau porteur ; et les enseignes traditionnelles semblent s’y intéresser de très près.

« Nos offres restent nationales mais les initiatives pour consommer autrement son intéressantes, reconnaît Valérie Delporte. Nous menons une réflexion pour nouer des partenariats avec des enseignes plus responsables ou favorisant le made in France. »

Des offres éthiques

Dans la même veine que la consommation locale, les élus de CSE s’attachent de plus en plus à proposer des offres « éthiques » à leurs salariés. Créée en 2019, Ethi’Kdo est une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), qui propose la première carte cadeau française permettant d’offrir uniquement les produits d’enseignes 100 % durables et solidaires (Label Emmaüs, Artisans du Monde, Croix-Rouge Insertion, Réseau Envie…) en ligne ou en magasin et ce, partout en France. « De plus en plus, les salariés sont demandeurs d’alternatives écologiques et solidaires au même rapport qualité/prix et nous avons décidé de les aider », explique Séverin Prats, cofondateur et président de la SCIC. Cette carte référence plus d’une centaine de marques pour plus d’un million de produits dans les domaines de la mode responsable, des cosmétiques zéro déchet, des jouets écoconçus, des smartphones reconditionnés… Une solution originale qui a séduit de nombreux CSE. « Ces derniers peuvent choisir de commander 100 % de leur dotation en cartes Éthi’Kdo, tandis que d’autres ont laissent le libre arbitre à leur salariés », précise Séverin Prats. Le CSE commande la carte sur le site ou peut décider d’envoyer une e-carte KDO en pdf directement au salarié. Autre actualité pour cet acteur écoresponsable : « Nous avons élaboré une solution pour éviter l’écueil de la surconsommation, le piège tendu par le système des cartes-cadeaux. Nul besoin de se sentir contraint de reconsommer pour éviter de perdre les derniers euros restants sur une carte. Vous pouvez choisir de reverser vos derniers euros à une association. »

Un beau geste qui, on l’espère, trouvera écho pour venir en aide au tissu associatif et caritatif.

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