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Conscientes de leur rôle sociétal, les entreprises sont de plus en plus friandes de services externes visant à les aider à réduire leur bilan carbone.
« Toute entreprise qui ne s’engage pas contre le réchauffement climatique n’a aucun avenir », avait déclaré courant octobre 2021, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. Une maxime qu’aime à rappeler Salim Aboura, directeur associé du groupe Finnegan car elle incarne les actions mises en place au sein de ce groupe de cabinets de conseil.
Compenser les émissions en CO²
« Nous sommes convaincus que l’entreprise doit avoir un impact clairement positif sur la société et l’environnement, affirme le responsable, notamment en charge de la Responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE). L’un des plus grands défis du 21e siècle, c’est de s’engager sur le climat. »
Un comité RSE transverse a ainsi été créé en 2019. Il regroupe toutes les fonctions et marques de l’entreprise et permet de suivre une soixantaine d’actions trimestrielles, mutualisées. La plateforme collaborative et indépendante EcoVadis les évalue sur quatre axes : environnement, social et droits de l’Homme, étique, achats. En deux ans, Finnegan a effectué une sacrée évolution faisant partie non plus des 25 % mais des 3 % de cabinets les mieux notés. Et ce, notamment grâce à son partenariat avec Sylvair, un organisme qui aide les entreprises à compenser leur empreinte carbone et favoriser la biodiversité. Avec Sylvair, Finnegan a participé à la plantation de 600 arbres dans une parcelle de 0,5 ha plantés à Vaux-en-Beaujolais, dans le département du Rhône, visant à compenser plus de 190 tonnes de CO² net. La parcelle a été labellisée bas-carbone par le ministère de la Transition écologique. Finnegan collabore par ailleurs avec les Joyeux Recycleurs, une structure qui recycle 100 % de ses déchets et reverse 5 centimes d’euros de dons par kilo recueilli à une association œuvrant pour la réinsertion. Le groupe de cabinets de conseils s’assure aussi que tous ses fournisseurs adhèrent à la même démarche RSE.
Les entreprises qu’accompagne Finnegan lui demandent parfois des conseils sur des partenariats de ce type dont le but est d’optimiser la démarche RSE. « L’amélioration de leur empreinte carbone touche toutes les actions de l’entreprise. Elle doit dans un premier temps être réduite ou maîtrisée (si la structure est en croissance, elle ne peut pas être réduite) et dans un second temps, compensée pour atteindre la neutralité carbone », préconise Salim Aboura. En 2021, le groupe Finnegan avait déjà atteint la neutralité carbone, il ambitionne de la compenser par deux fois en 2022.
Dans les actions simples mais efficaces, Finnegan recommande notamment de convertir le parc de véhicules en tout électrique, d’installer des capteurs lumières pour qu’elles s’éteignent, de réaliser des économies d’eau, de favoriser le télétravail, de mettre en place des systèmes d’impression économiques recto-verso en noir et blanc, de supprimer les distributeurs de gobelets en plastique… « Les actions possibles sont infinies et s’intègrent dans des plans de comités RSE. Il faut faire des choix et ne pas se disperser, définir un tableau de bord de pilotage RSE avec des axes prioritaires. C’est un sujet complexe mais fédérateur qui touche toutes les fonctions de l’entreprise », conclut le directeur associé.
Des cadeaux moins polluants
Les fêtes de fin d’année ont constitué une occasion parfaite pour aider les CSE à repenser leurs offres cadeaux pour les salariés. Pour répondre à cette prise de conscience croissante du monde de l’entreprise, les services « green » ciblant les clients professionnels se multiplient. Ortusia propose ainsi aux CSE depuis 2018 des kits potager, fabriqués en France. Les emballages sont compostables, les graines certifiées biologiques et la boîte produite par un ESAT (Établissement et service d’aide par le travail), se transforme en plaque de semis. Via l’application dédiée, des conseils et tutos jardinage sont aussi proposés. Les entreprises commandent en général ces kits soit pour leurs salariés en fin d’année soit pour leurs nouveaux clients, à l’instar du Crédit Mutuel de Bretagne. « Toutes les études montrent que les entreprises recherchent des cadeaux plus écoresponsables, avec plus de sens », résume Michel Le Denmat, cofondateur d’Ortusia. Notre mission en lançant cette entreprise a toujours été de sensibiliser les gens aux enjeux de développement durable de façon ludique. Avec les CSE, nous touchons beaucoup plus de monde ! »
Encourager le made in France
La Carte française mise quant à elle tout sur le made in France. Depuis deux ans, c’est la première carte cadeau à promouvoir exclusivement des enseignes françaises (150 boutiques physiques, 500 points de vente physiques ou en ligne), tous secteurs confondus, du gastro au textile en passant par les loisirs ou les nouvelles technologies. Elle se présente sous forme de carte Mastercard. « Le made in France multiplie les impacts environnementaux positifs avec une réduction de l’empreinte carbone. Ces produits tricolores sont les moins carbonés au monde et favorisent l’emploi sur le territoire national », assure Charles Huet, président cofondateur de la Carte française et l’un des plus fervents défenseurs de la cause depuis dix ans. « Cet outil de fléchage est proposé aux élus syndicaux pour que les cadeaux de fin d’année soient un levier d’action engagé participant à pérenniser l’emploi sur les sites industriels et à financer notre modèle social français. » La Carte française a aussi développé une offre de coffrets cadeaux dématérialisé, thématiques ou régionaux, dont l’un est estampillé « bas carbone ».
Mais malgré la multiplication de ces services écoresponsables, « nous sommes à des années-lumière de ce qu’il faudrait », se désole François Moreux, délégué national confédéral RSE et développement durable CFE-CGC. Le représentant syndical relève néanmoins que « quelques entreprises atypiques, parfois modestes, font beaucoup d’efforts et s’approprient des voies propres à la transition écologique (énergies renouvelables, impact sur la biodiversité, économie circulaire et achats responsables…) ». Pour lui, la finance verte plébiscitée par les collaborateurs est un enjeu essentiel pour l’entreprise. « De plus en plus de salariés veulent que leurs placements (plans d’épargne retraite ou placements d’intéressement ou de participation) soient réalisés sur des fonds verts labellisés ISR. Les entreprises doivent devenir des acteurs de la finance durable. » Il en va de l’image de marque, du dynamisme et de l’attractivité de l’entreprise. Les jeunes générations en particulier choisissent de plus en plus leurs employeurs en fonction de leurs engagements environnementaux, sur le long terme et bien au-delà de Noël.
ENCADRÉ
Spendlly l’alternative 100 % digitale aux chèques-cadeaux
Lancée en 2021, la société Spendlly (groupe Rhinos basé à Périgny) cible en priorité les CSE. « Ils peuvent envoyer 100 euros à 1 000 salariés en un seul clic. Les salariés reçoivent un code par SMS et doivent ensuite télécharger l’application, précise Pierrick Briand, fondateur de Spendlly. Les entreprises n’ont plus à anticiper les livraisons et tous les inconvénients liés au chèque papier. » L’application dématérialisée permet d’offrir des bons-cadeaux dans 300 enseignes, dont 200 présentes partout en Europe. La jeune société permet aux CSE de gérer en automatisation leurs distributions. Ils réduisent ainsi à la fois les frais liés au papier et leur empreinte carbone. À terme, l’application devrait être déclinée pour les particuliers pour centraliser des cagnotages ou offrir des cadeaux.
Article rédigé par Noémie Martin