
La loi Santé a modifié la négociation sur la QVT : on parle aujourd’hui de QVCT pour Qualité de vie et conditions de travail. Objectif : inciter les entreprises à organiser des actions visant à améliorer l’environnement professionnel des salariés et remettre l’accent sur la prévention des Risques psychosociaux (RPS).
Des massages relaxants de 30 minutes, un cours de self-défense, des sessions de coaching ergonomique pour prévenir les troubles musculosquelettiques avec des conseils personnalisés directement au poste de travail, des séances de sophrologie accompagnées d’exercices de respiration et de relaxation musculaire, des ateliers d’hypnose… Ces différentes initiatives pour booster la santé et la confiance en soi des collaborateurs, diminuer le stress et mieux gérer leur charge mentale, et donc favoriser leur bien-être au travail, ont été mises en place par Welcome At Work, leader de la PropTech* dans différentes entités.
De manière plus pragmatique, Bouygues Telecom utilise une direction dédiée pour réfléchir à l’environnement de travail, gérer le bien-être au bureau, notamment sur le mobilier, ou encore le bruit. Le géant de la cosmétique, Rocher, s’est lui aussi engagé sur le volet de l’ergonomie dans la prévention des risques professionnels grâce à Kimea, une technologie capable d’analyser en temps réel les mouvements des collaborateurs, d’identifier les risques de Troubles musculosquelettiques (TMS) et de proposer des ajustements fonctionnels adaptés. Un engagement qui renforce la volonté du groupe « de garantir des conditions de travail sûres et ergonomiques ». L’ambiance professionnelle est aussi conditionnée à la charge de travail ainsi qu’aux relations avec les managers.
Pour détecter d’éventuelles surcharges de tâches, le manque de motivation, d’engagement ou encore les problèmes de stress et d’anxiété, mais aussi en vue de les faciliter, ADP a adopté une approche baptisée « StandOut ». Ce dispositif ambitionne d’organiser des entretiens individuels hebdomadaires entre le manager et le collaborateur. « Le manager de proximité étant le mieux placé pour définir les priorités de la semaine à venir, déterminer la charge de travail d’un collaborateur ou détecter les signaux faibles », explique Anne Chambron, chargée QVCT au sein d’ADP.
Psychologue du travail et assistante sociale
Au-delà de l’environnement de travail, Bouygues Telecom octroie de nombreux avantages aux salariés du groupe via l’accord sur l’égalité professionnelle, la qualité de vie et les conditions de travail, signé le 8 décembre 2023. Ainsi, les salariés en souffrance peuvent, notamment, contacter une psychologue du travail. Autre appui sur lequel ils peuvent compter : celui d’une assistante sociale s’ils rencontrent des difficultés d’ordre personnel ou professionnel, que ce soit lié à leur budget, leur logement, leur famille, une séparation ou un problème de santé ou de handicap. « L’assistante sociale va les orienter vers les services spécialisés en interne comme les prêts sociaux du fonds d’aide en cas de situation d’endettement, par exemple, ou vers des partenaires externes », explique le délégué syndical FO et élu CSE chez Bouygues Telecom en Île-de-France.
Depuis plusieurs années, ADP propose également un programme d’assistance pour ses collaborateurs et les membres de leur famille directe. « Ils peuvent contacter une assistante par téléphone pour toute question personnelle ou toute problématique familiale, financière ou de santé », détaille Anne Chambron. En outre, ils peuvent bénéficier d’un accompagnement individuel avec un psychologue, jusqu’à cinq séances en face-à-face par an. En termes d’organisation et de flexibilité du travail pour s’adapter aux spécificités de chacun de ses collaborateurs, l’opérateur de télécoms excelle également. Notamment en proposant aux femmes enceintes de travailler une demi- heure de moins chaque jour à partir de leur troisième mois de grossesse, et une heure de moins, ensuite, à partir du cinquième mois. Ces dernières ont la possibilité, avec l’accord de leur manager, d’obtenir jusqu’à cinq jours de télétravail par semaine au lieu de deux. « Bouygues Telecom souhaite avoir un regard bienveillant et inclusif sur la parentalité de ses salariés et réduire l’impact de ce statut ».
De son côté, ADP qui compte plus de 2 000 employés en France, invite ces derniers, depuis 2022, à travailler jusqu’à quatre semaines par an en dehors de leur domicile principal (en France métropolitaine), afin « de faciliter l’organisation de leur vie privée et professionnelle », explique Anne Chambron. Une disposition qui marque une évolution après un premier accord télétravail en 2011, et la mise en place d’un fonctionnement hybride en 2021 de trois jours sur site et deux jours en télétravail.
92 % des salariés jugent la QVCT importante
En 2023, en France, on estimait que près de 20 % des arrêts de travail étaient dûs à un stress ou un trouble psychologique lié au travail. Par ailleurs, plus de 52 % des salariés se disaient anxieux. Les problèmes de santé, de burn-out, les maladies et accidents professionnels ou de stress coûtent énormément aux entreprises, que ce soit en termes d’absentéisme ou de baisse de production. Aussi, ces dernières se doivent de prendre le sujet à bras le corps. Alors même que seulement 59 % pensent que leur société se préoccupe de leur QVCT, celle-ci est jugée comme une priorité pour les salariés.
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D’ailleurs, 92 % la considèrent importante et près de la moitié (45 %) l’estiment « très importante » ; les femmes et les salariés des grandes entreprises y étant particulièrement sensibles selon le baromètre observatoire de la QVT**. Des mesures fleurissent dans les entreprises, que ce soit à l’initiative de leur CSE ou non. Pour Nathalie Painblanc, « la QVT ne se résume pas aux plantes vertes et au baby-foot. C’est toutes les conditions de travail qui sont concernées et il faut proposer des espaces de discussion sur le sujet », explique-t-elle. La secrétaire commission qualité de vie au travail et élue titulaire au CSE d’Action Logement œuvre pour montrer que le CSE « ne se résume pas seulement aux œuvres sociales. Il est nécessaire que les salariés voient tout ce que l’on fait pour eux et qu’ils sachent que l’on est là pour les écouter, les accompagner, et les aider ».
Pour améliorer l’environnement professionnel, le CSE d’Action Logement se forme depuis 2021 avec le cabinet Eose, expert en qualité de vie au travail, sur les risques psychosociaux et les émotions. L’instance multiplie les conférences afin de sensibiliser ses collaborateurs sur la conciliation vie privée et vie professionnelle avec le soutien d’un coach professionnel. Ce dernier les aide à organiser leurs temps de vie. Grâce à la méditation en pleine conscience, il les accompagne dans une meilleure gestion de leur stress et apaise leur charge mentale. « Ces rencontres sont proposées en visioconférence sur le temps de travail des salariés et sont disponibles par la suite sur l’intranet », détaille Nathalie Painblanc. Leur but ? Les rendre accessibles à ses 3 000 salariés, répartis dans treize régions françaises et dans les Dom-Tom.
Autres outils utilisés, les formations en e-learning à disposition des collaborateurs, qui portent sur le droit à la déconnexion ou l’équilibre vie pro-vie perso. De la même manière, ADP multiplie les actions de prévention via des webinaires animés par des professionnels, sur des sujets divers comme l’ergonomie des postes de travail, le travail sur écran ou encore les pratiques addictives… Pour faire remonter les sujets que les salariés souhaiteraient voir traiter, le CSE d’Action Logement leur administre un baromètre QVT comprenant près de 150 questions. Objectif : identifier les axes à travailler et pouvoir être force de propositions auprès de la direction.
En 2025, l’entreprise axera la QVCT sur un trio de tête : le sommeil, l’alimentation et la santé mentale, avec là encore, quatre conférences annuelles. Pour travailler main dans la main avec les employés, ADP a créé les BRG ( Business resource group), des communautés de collaborateurs volontaires dédiés à différentes thématiques. L’enjeu étant d’organiser des moments d’échanges, recueillir des idées et renforcer la sensibilisation. « L’avantage est que ce ne sont pas des ateliers descendants mais participatifs qui permettent d’évoquer l’ensemble de ces thèmes de façon directe », soutient Anne Chambron. On peut, par exemple, citer le BRG iWin qui soutient les femmes dans le développement de leur carrière et dans l’accès à des postes de management.
En 2024, ADP a profité de la semaine de la QVCT qui a lieu chaque année au mois de juin pour faire participer ses collaborateurs à des ateliers de sensibilisation sur le sommeil, la nutrition, les étirements… Ou encore des ateliers de sophrologie, de massage ou de luminothérapie. De son côté, Action Logement consacre un après-midi d’atelier sur le sens au travail. « Si au départ, les salariés imaginaient un atelier coloriage, ils ont finalement pu libérer leur parole, souligne Nathalie Painblanc. C’était un moment très convivial qui a permis aux équipes de se rencontrer et d’échanger sur le travail d’une autre manière que dans leur quotidien très « métier ». Ils ont aussi pu mettre en avant ce qui fait sens pour eux comme leur utilité auprès des clients ou le travail en équipe ».
* La PropTech regroupe l’ensemble des acteurs ayant fait le choix de placer l’innovation technologique au service de l’immobilier.
** Baromètre réalisé par Odoxa via internet du 6 au 13 novembre 2024.
Article rédigé par Charlotte de Saintignon

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