
Alors que le comité social et économique (CSE) joue un rôle central dans la vie des collaborateurs et dans le fonctionnement des entreprises, bon nombre de salariés méconnaissent ses attributions. La perception à l’égard du CSE varie d’une entreprise à l’autre. Quels sont les facteurs qui influencent cette image et comment les élus du CSE peuvent-ils renforcer leur lien avec les salariés ?
Deux tiers des salariés déclarent avoir une bonne image globale de leur CSE; un chiffre qui reste stable depuis deux ans.
C’est ce que révèle le Baromètre Syndex-Ifop 2023 sur l’état du dialogue social dans les entreprises. Autres résultats positifs, 64 % estiment que c’est une instance importante pour eux et 60 % ont confiance dans les membres du CSE pour bien représenter les salariés. Vecteur de dialogue social, organe de défense des droits des employés, acteur dans l’organisation d’activités sociales et culturelles… Depuis leur mise en place en 1945 par l’ordonnance du 22 février 1945 sous le gouvernement provisoire dirigé par Charles de Gaulle, les CE, devenus CSE en 2017, ont de vastes attributions.
Celles-ci sont à la fois économiques – consultation sur les projets stratégiques de l’entreprise (plans de licenciements, modifications organisationnelles, etc.) sociales et culturelles – gestion des activités sociales et culturelles pour les salariés (ex. : Chèques-Vacances, organisation d’événements…). Néanmoins, ces attributions économiques sont souvent délaissées par les salariés. C’est ce que confirme Rémi, employé dans une entreprise de télécoms. S’il reçoit régulièrement des comptes-rendus de discussion entre son CSE et la direction, il confie ne pas les lire. « Il s’agit souvent de pages et de pages de questions liées à l’actualité ou à la santé de l’entreprise auxquelles les dirigeants répondent la même chose que ce que l’on peut lire dans la presse. Cela ne m’intéresse pas. » Et d’ajouter qu’au vu du bon climat social qui règne dans l’entreprise, il n’a jamais eu le réflexe de contacter son CSE.
Missions du CSE
Vers un rôle de QVCT
La qualité de vie et des conditions de travail fait d’ailleurs l’objet de toutes les attentions. Avec les évolutions législatives et les nouvelles attentes des salariés, l’émergence de préoccupations comme le bien-être au travail, la transition écologique ou l’équilibre vie pro/ vie perso amène les comités à redéfinir leurs priorités. Dans ce contexte, le CSE a intérêt à s’adapter et à représenter ef- ficacement les intérêts des salariés. Le dernier baromètre du Syndex met ainsi en évidence les défis qui se présentent pour l’instance. Une majorité des salariés estiment que certains sujets prioritaires, comme la santé, les conditions de travail, ou encore les rémunérations, ne sont pas suffisamment abordés. Des lacunes qui participent à une perception mitigée du CSE chez une partie des salariés…
Partenaire ou adversaire ?
L’image d’un CSE dépend beaucoup de l’ambiance générale et des relations avec la direction. Ainsi, l’engagement au quotidien, notamment en termes d’interactions avec les élus, fluctue selon les méconnaissent ainsi les entreprises et la communication locale.
Dans un environnement où le dialogue social est constructif, les salariés perçoivent souvent leur CSE comme un allié, capable de porter leurs préoccupations et d’améliorer leurs conditions de travail.
À l’inverse, dans des entreprises marquées par des tensions ou des conflits, le CSE peut être vu comme inefficace ou trop aligné sur la direction.
La proximité des élus avec les salariés joue également un rôle-clé. Pour l’heure, le cabinet Syndex met en avant un éloignement entre les représentants du personnel (RP) et les salariés ainsi qu’une crainte à l’égard des syndicats et des RP sur leur capacité à obtenir gain de cause auprès des directions. Pour renforcer la confiance des salariés, l’accessibilité, l’écoute et l’implication des RP sont fondamentales. La bonne image dont jouissent les CSE pousse les employés à voter lors des élections de leurs représentants. Ainsi, un peu plus d’un collaborateur sur deux a mis son bulletin dans l’urne lors des dernières élections qui ont été organisées. Les réfractaires évoquent un certain scepticisme sur l’impact de celles-ci – 59 % ont le sentiment qu’elles ne changeront pas leur quotidien au sein de l’entreprise ou qu’ils ne se sentent pas suffisamment informés sur le sujet.
« De nombreux salariés méconnaissent ainsi les missions exactes du CSE,
autoévaluant leur connaissance à 5,4/10.
Certains le réduisent uniquement à son volet « avantages » : billetterie remisée, sorties ou subventions. C’est d’ailleurs essentiellement sur les activités sociales et culturelles (ASC), synonymes de pou- voir d’achat supplémentaire, que sont majoritairement attendus les CSE.”
Défrichage de bons plans
À noter également que la connaissance des CSE par les salariés est souvent minimaliste. En témoigne Sébastien Henriet, salarié chez Safran, qui confie avoir «une connaissance limitée des prérogatives de l’instance ». De nombreux salariés méconnaissent ainsi les missions exactes du CSE, autoévaluant leur connaissance à 5,4/10.
Certains le réduisent uniquement à son volet « avantages » : billetterie remisée, sorties ou subventions. C’est d’ailleurs essentiellement sur les activités sociales et culturelles (ASC), synonymes de pouvoir d’achat supplémentaire, que sont majoritairement attendus les CSE. Ce que confirme Rémi, pour qui le CSE joue presque exclusivement un rôle ludique, destiné à faciliter l’accès à de bons plans pour des spectacles, des concerts, des places de cinéma ou des voyages à prix réduit ou à leur offrir des cartes-cadeaux. Même si sa dernière expérience avec son CSE ne lui a pas vraiment plu… « Je leur avais écrit que leur offre de voyage en frain était plus chère que si je partais avec mes propres moyens. Je n’ai jamais eu de réponse. » Sébastien Henriet, père de famille de trois enfants, profite des aides proposées par son CSE, que ce soit pour les bons de rentrée scolaire et de Noël ou d’activités sportives et vacances subventionnées. Néanmoins, il met en garde sur les problèmes d’équité que cela peut créer : « J’ai le sentiment que les aides des CSE ne sont pas connues de tous les salariés et que certains en profitent plus que d’autres. En ce sens, les CSE peuvent ne pas paraître forcément équitables.»
En revanche, il se félicite du virage numérique et de la dématérialisation pris par son CSE.«Il s’adapte, se modernise et élargit l’offre culturelle et sociale afin de mieux répondre à nos attentes », souligne-t-il.
« J’ai une connaissance limitée des prérogatives de l’instance CSE (…) J’ai le sentiment que les aides des CSE ne sont pas connues de tous les salariés et que certains en profitent plus que d’autres. En ce sens, les CSE peuvent ne pas paraître forcément équitables.Notre CSE s’adapte, se modernise et élargit l’offre culturelle et sociale afin de mieux répondre à nos attentes » Sébastien Henriet, salarié chez Safran
Communication et transparence
Pour faire évoluer dans le bon sens la perception que les salariés ont de leur CSE, élus et représentants du personnel doivent œuvrer pour une meilleure communication, assortie de plus de transparence et de proximité. Objectif, transformer cette instance en un instrument de cohésion et de satisfaction au sein de l’entreprise. Plusieurs leviers peuvent être actionnés. Le premier d’entre eux? Améliorer la communication à l’endroit des collègues, en diffusant par exemple une newsletter, ou en organisant des permanences ou des réunions d’information afin de rendre visible le travail accompli. L’absence de communication claire ou régulière de la part des élus peut accentuer le sentiment de déconnexion entre les RP et les salariés.
Le Baromètre Syndex-Ifop 2023 montre ainsi que près de 40% des salariés estiment ne pas être suffisamment informés des actions et des décisions de leur CSE. Pointant leur manque de moyens, les RP regrettent que leurs modes de communication soient uniquement « descendants» alors que de nouveaux canaux de communication et d’information alternatifs sont en train d’émerger.
Autre moyen : miser sur la transparence. Un levier d’autant plus important lorsque l’on sait que 62 % des personnes interrogées s’intéressent aux actions du CSE, soulignant un besoin d’information et de transparence accru. Cela passe par une explication des décisions amorcées et par le partage de comptes-rendus de réunions accessibles et synthétiques.
Autre piste intéressante à tester : s’adapter aux attentes des ouvrants droit.
En diversifiant les activités proposées, en sondant régulièrement les bénéficiaires sur leurs besoins et en valorisant leurs retours, le CSE montre qu’il est à leur écoute. Enfin, le comité doit mettre en exergue ses missions sociales. Au-delà des avantages qu’il offre, il peut sensibiliser les salariés à son rôle de défense de leurs droits et à ses interventions sur des sujets comme la qualité de vie et des conditions de travail.
*Enquête quantitative réalisée fin 2022 auprès de 1308 salariés, 917 représentants du personnel, et 410 chefs d’entreprise et DRH.
Article rédigé par Charlotte de Saintignon
- Attributions
- Avantages
- Baromètre
- Bien-être au travail
- Bons plans
- Collaborateurs
- Communication
- CSE
- Dialogue Social
- Économie
- Elections
- Élus
- Employés
- Entreprises
- Fonctionnement
- Gestion
- Lien
- Missions
- Partenaire
- Pouvoir d'achat
- Qualité de vie et conditions de travail
- QVCT
- Rôle
- Rôle-clé
- RSE
- Salariés
- Subventions
- Tarif préférentiel
- Transition écologique
- Transparence